Comment les lieux dans les laurentides ont obtenu leur noms. L'origine des noms de Lachute et du lac Barron
Par Joseph Graham
Lachute est au centre des premiers établissements anglophones des Laurentides et de nombreuses references historiques y font mention. Il n’y a cependant aucun mystère quant à l’origine de son nom. La Rivière du Nord et La Chute figuraient sur des cartes réalisées sous le Régime français, avant 1760, et la propriété fut désignée seigneurie dès 1682. Néanmoins, le terrain où se trouve aujourd'hui la ville et une partie de ses environs était autrefois décrite comme « Lane's Purchase » et fut d'abord officiellement appelée la paroisse de Saint-Jérusalem.
Sous le régime seigneurial, le Seigneur ne vendait pas sa propriété, mais la louait simplement et vivait ensuite des revenus locatifs. Si les Britanniques n'abolissent pas le système seigneurial, leur politique de vente des terres influence la gestion des seigneuries et parfois des parcelles sont vendues. Lorsque Jedediah Lane rendit visite à sa sœur et à son beau-frère sur leur propriété de Carillon dans les années 1790, il vit une opportunité de développement et décida d'acheter une partie du bord de la rivière des Outaouais pour la revendre. Mais une grande partie avait déjà été vendue ou louée, qu'il opta finalement pour une grande parcelle de part et d'autre de la rivière du Nord, autour des chutes, aussi nommées La Chute, idéalement située car les rivières étaient les seuls couloirs de transport. Lane était originaire de Jéricho, située dans les Montagnes Vertes du Vermont. Il y fit la promotion de ses terres, et fit venir des colons des États-Unis. Jéricho n'était pas une région agricole et, même si ces habitants des montagnes étaient robustes, ils n'étaient pas là pour les champs fertiles cachés sous la canopée des vieilles forêts. Ils étaient là pour les arbres, et ils ont coupé et brûlé la forêt pendant une douzaine d’années. Leur principal revenu provenait de la potasse fabriquée à partir de bois dur. Pour fabriquer de la potasse, ils brûlaient des érables et des hêtres et passaient de l'eau à travers les cendres sèches. Cela aboutissait à un liquide qui ensuite était évaporé dans un pot en fer jusqu'à cristallisation. Les cristaux étaient composés d'hydroxyde de potassium, ou lessive, qui était expédié en aval de la rivière et vendu au plus offrant, et finalement utilisé dans le blanchiment des tissus. Pour produire suffisamment de lessive pour être commercialisable, il a fallu brûler de nombreux arbres. L’appétit pour de la monnaie sonnante et trébuchante a été le moteur du défrichement des champs et, même s’ils cultivaient du maïs et des pommes de terre pour leur propre consommation, ces premiers colons n’avaient pas les compétences nécessaires pour établir des fermes durables. Leurs techniques leur rapportèrent de l'argent, mais la nourriture fut bientôt si rare que le prix du porc quadrupla au cours de la période de dix ans se terminant en 1811. En théorie, les colons étaient censés créer des fermes, des groupes de fermes qui deviendraient des communautés, mais beaucoup de ces premiers colons se concentraient uniquement sur l'argent qu'ils pouvaient tirer des cendres des forêts autrefois majestueuses. Ils n'avaient pas de projets à long terme et connaissaient peu le Bas-Canada. En 1807, le capitaine James Murray, propriétaire de la seigneurie d'Argenteuil, fut contraint de poursuivre les résidents américains de Lane's Purchase pour réclamer ses droits seigneuriaux et, en 1810, les restes de la communauté s'effondrèrent sous le poids de la famine.
Lorsque Thomas Barron arrive à Lachute en 1809, de nombreux Américains s'empressent de vendre leurs coupes de bois. Au début de la guerre de 1812, ceux qui se considéraient comme Américains étaient heureux de prendre ce qu’ils pouvaient obtenir et partir. Ceux qui sont restés sur place, qui ont réussi à s'adapter à ce nouvel environnement, formeront le noyau de ce qui deviendra Lachute.
Barron, arrivé dans cette période de déclin rapide, n’y voyait qu’opportunités. À son arrivée en Amérique du Nord, il est resté avec son oncle à Hawksbury, et les premiers rapports le montrent épouser Eliza Hastings, la sœur d'un résident prospère de Lachute. On peut donc imaginer qu'il pouvait compter sur des relations et un soutien locaux. Il en encouragea d'autres à venir d'Écosse et à appliquer leurs techniques agricoles écossaises aux champs de souches que les Américains avaient abandonnés. Il y avait une surabondance de telles propriétés et les prix étaient donc raisonnables. Les Lowlanders écossais avaient développé des techniques et des stratégies agricoles modernes, inspirées en partie par Lord Kames qui, pendant des années, avait cajolé les propriétaires écossais pour qu'ils encouragent l'expérimentation et l'innovation dans leurs pratiques agricoles. Ces agriculteurs étaient donc bien placés pour convertir les terres fertiles autour de Lachute en fermes prospères.
Même si Barron n'a pas « trouvé » Lachute, sa famille, originaire du Morayshire, dans les basses terres écossaises, a eu une grande influence dans le développement précoce de Lachute. G.R. Rigby, dans son livre « A History of Lachute » a écrit que « ..si Jedediah Lane était le fondateur de Lachute, le lieutenant-colonel Thomas Barron en était le premier écuyer ». Un témoignage de son influence se voit dans le fait que le terrain acquis par Barron est finalement devenu le centre de la ville de Lachute. Entre autres engagements, il s'est joint à la Milice pendant la guerre de 1812 et a fait ses preuves en tant que soldat, passant du grade de major à celui de lieutenant-colonel. Après la guerre, son influence s'accrut et il devint juge de paix et finalement agent des terres de la Couronne pour les régions environnantes de Chatham, Wentworth, Gore, Morin et Howard.
Parmi ceux qui ont suivi Thomas Barron depuis l'Écosse se trouvait son frère John. Thomas et Eliza n'avaient pas d'enfants, mais son frère avait deux fils, le premier, également prénommé Thomas, né à l'arrivée de la famille à Lachute. Cet homonyme du colonel a suivi les traces de son oncle, occupant des postes importants dans la société de Lachute et accédant éventuellement au poste de maire. Il eut 12 enfants et c'est ainsi que fut fondé le clan des Barrons de Lachute. En 1864, à la mort du colonel Thomas Barron, les colons écossais et irlandais de la région de Gore baptisèrent Baron Lake en son honneur et plusieurs rues du cœur de Lachute furent nommées à la mémoire de son neveu et de ses descendants. Les rues Thomas, Robert, Mary, Barron, Henry et Sydney portent toutes ce nom et rappellent cette importante famille.
sources: The History of Lachute, - G.R. Rigby;
History of the Counties of Argenteuil, Quebect & Prescott, Ontario - C. Thomas;
Hurling Down the Pine - John W. Hughson and Courtney C.J. Bond;
Magdaleine Frenette, greffiere adjointe de la ville de Lachute or Our History, Ville de Lachute;
Un merci tout spécial a Sheila Eskenazi
Sous le régime seigneurial, le Seigneur ne vendait pas sa propriété, mais la louait simplement et vivait ensuite des revenus locatifs. Si les Britanniques n'abolissent pas le système seigneurial, leur politique de vente des terres influence la gestion des seigneuries et parfois des parcelles sont vendues. Lorsque Jedediah Lane rendit visite à sa sœur et à son beau-frère sur leur propriété de Carillon dans les années 1790, il vit une opportunité de développement et décida d'acheter une partie du bord de la rivière des Outaouais pour la revendre. Mais une grande partie avait déjà été vendue ou louée, qu'il opta finalement pour une grande parcelle de part et d'autre de la rivière du Nord, autour des chutes, aussi nommées La Chute, idéalement située car les rivières étaient les seuls couloirs de transport. Lane était originaire de Jéricho, située dans les Montagnes Vertes du Vermont. Il y fit la promotion de ses terres, et fit venir des colons des États-Unis. Jéricho n'était pas une région agricole et, même si ces habitants des montagnes étaient robustes, ils n'étaient pas là pour les champs fertiles cachés sous la canopée des vieilles forêts. Ils étaient là pour les arbres, et ils ont coupé et brûlé la forêt pendant une douzaine d’années. Leur principal revenu provenait de la potasse fabriquée à partir de bois dur. Pour fabriquer de la potasse, ils brûlaient des érables et des hêtres et passaient de l'eau à travers les cendres sèches. Cela aboutissait à un liquide qui ensuite était évaporé dans un pot en fer jusqu'à cristallisation. Les cristaux étaient composés d'hydroxyde de potassium, ou lessive, qui était expédié en aval de la rivière et vendu au plus offrant, et finalement utilisé dans le blanchiment des tissus. Pour produire suffisamment de lessive pour être commercialisable, il a fallu brûler de nombreux arbres. L’appétit pour de la monnaie sonnante et trébuchante a été le moteur du défrichement des champs et, même s’ils cultivaient du maïs et des pommes de terre pour leur propre consommation, ces premiers colons n’avaient pas les compétences nécessaires pour établir des fermes durables. Leurs techniques leur rapportèrent de l'argent, mais la nourriture fut bientôt si rare que le prix du porc quadrupla au cours de la période de dix ans se terminant en 1811. En théorie, les colons étaient censés créer des fermes, des groupes de fermes qui deviendraient des communautés, mais beaucoup de ces premiers colons se concentraient uniquement sur l'argent qu'ils pouvaient tirer des cendres des forêts autrefois majestueuses. Ils n'avaient pas de projets à long terme et connaissaient peu le Bas-Canada. En 1807, le capitaine James Murray, propriétaire de la seigneurie d'Argenteuil, fut contraint de poursuivre les résidents américains de Lane's Purchase pour réclamer ses droits seigneuriaux et, en 1810, les restes de la communauté s'effondrèrent sous le poids de la famine.
Lorsque Thomas Barron arrive à Lachute en 1809, de nombreux Américains s'empressent de vendre leurs coupes de bois. Au début de la guerre de 1812, ceux qui se considéraient comme Américains étaient heureux de prendre ce qu’ils pouvaient obtenir et partir. Ceux qui sont restés sur place, qui ont réussi à s'adapter à ce nouvel environnement, formeront le noyau de ce qui deviendra Lachute.
Barron, arrivé dans cette période de déclin rapide, n’y voyait qu’opportunités. À son arrivée en Amérique du Nord, il est resté avec son oncle à Hawksbury, et les premiers rapports le montrent épouser Eliza Hastings, la sœur d'un résident prospère de Lachute. On peut donc imaginer qu'il pouvait compter sur des relations et un soutien locaux. Il en encouragea d'autres à venir d'Écosse et à appliquer leurs techniques agricoles écossaises aux champs de souches que les Américains avaient abandonnés. Il y avait une surabondance de telles propriétés et les prix étaient donc raisonnables. Les Lowlanders écossais avaient développé des techniques et des stratégies agricoles modernes, inspirées en partie par Lord Kames qui, pendant des années, avait cajolé les propriétaires écossais pour qu'ils encouragent l'expérimentation et l'innovation dans leurs pratiques agricoles. Ces agriculteurs étaient donc bien placés pour convertir les terres fertiles autour de Lachute en fermes prospères.
Même si Barron n'a pas « trouvé » Lachute, sa famille, originaire du Morayshire, dans les basses terres écossaises, a eu une grande influence dans le développement précoce de Lachute. G.R. Rigby, dans son livre « A History of Lachute » a écrit que « ..si Jedediah Lane était le fondateur de Lachute, le lieutenant-colonel Thomas Barron en était le premier écuyer ». Un témoignage de son influence se voit dans le fait que le terrain acquis par Barron est finalement devenu le centre de la ville de Lachute. Entre autres engagements, il s'est joint à la Milice pendant la guerre de 1812 et a fait ses preuves en tant que soldat, passant du grade de major à celui de lieutenant-colonel. Après la guerre, son influence s'accrut et il devint juge de paix et finalement agent des terres de la Couronne pour les régions environnantes de Chatham, Wentworth, Gore, Morin et Howard.
Parmi ceux qui ont suivi Thomas Barron depuis l'Écosse se trouvait son frère John. Thomas et Eliza n'avaient pas d'enfants, mais son frère avait deux fils, le premier, également prénommé Thomas, né à l'arrivée de la famille à Lachute. Cet homonyme du colonel a suivi les traces de son oncle, occupant des postes importants dans la société de Lachute et accédant éventuellement au poste de maire. Il eut 12 enfants et c'est ainsi que fut fondé le clan des Barrons de Lachute. En 1864, à la mort du colonel Thomas Barron, les colons écossais et irlandais de la région de Gore baptisèrent Baron Lake en son honneur et plusieurs rues du cœur de Lachute furent nommées à la mémoire de son neveu et de ses descendants. Les rues Thomas, Robert, Mary, Barron, Henry et Sydney portent toutes ce nom et rappellent cette importante famille.
sources: The History of Lachute, - G.R. Rigby;
History of the Counties of Argenteuil, Quebect & Prescott, Ontario - C. Thomas;
Hurling Down the Pine - John W. Hughson and Courtney C.J. Bond;
Magdaleine Frenette, greffiere adjointe de la ville de Lachute or Our History, Ville de Lachute;
Un merci tout spécial a Sheila Eskenazi